28 mai 2007

PRESIDENTIELLE 2007


Comme nous habitons en France depuis plusieurs années, nous nous sommes senties particulièrement impliquées lors des dernières élections, et nous aurions voulu nous exprimer
aux urnes, mais par « des formalités de nationalité » c’était impossible. Nous avons donc trouvé La Pause comme un moyen d’ exprimer notre voix.
On fera alors une "pause" sur le type de sujets que l’on traitait souvent dans cette petite revue,
pour porter notre regard sur l’actualité française, car c’est impossible pour nous de parler d’autre chose ce mois-ci.

FRANCE 2007 OU ARGENTINE 1989?



Après un long trajet parcouru pour arriver au pays de la « liberté, égalité, fraternité », duquel sortent la plupart des auteurs que nous avons étudiés à l’université; fascinées par leurs idées défendant les droits de l’homme et la justice, nous nous retrouvons finalement ici, pour poursuivre et enrichir nos études. Quand on pense à ses écrivains, les noms de Michel Foucault, de Jean Paul Sartre et de Simone de Beauvoir, entre autres, ressortent tout de suite (des penseurs qui ont participé d’ailleurs dans le boycott pour annuler la Coupe du Monde du 1978 en Argentine, manifestant ainsi leur rejet d’un gouvernement autoritaire qui allait contre le respect de la liberté de l’homme)
On pourrait citer de nombreux philosophes, hommes de lettres et du Droit et des révolutionnaires, pour mieux illustrer ce que La France signifie pour nous, celles que nous écrivons dans cette petite revue. Mais en réfléchissant à toutes ces grandes idées, nous constatons qu’il y a quelque chose qui a changé aujourd’hui… mais que s’est-il passé ?
Ce n’est pas facile à l’expliquer, c’est sans doute la suite des gouvernements, un long trajet politique qui depuis des années a conduit la France vers le chemin opposé aux idées sociales, mais ce qui nous a le plus étonnées est le résultat des dernières élections.
On pensait que dans ce pays, plus ou moins, les idées sociales étaient très fortes, que les gouvernements représenteraient une société défendant ses valeurs et non pas un marché ; qu’ils étaient plus du côté du peuple et de ses besoins que du côté des hommes d’affaires… On était peut-être mal informées, en tout cas c’était cette image là que nous les Argentins avions « du pays de la liberté et des Droits de l’homme ».
Evidement ces grandes idées font aujourd’hui partie du passé ; et comme dit la chanson que nous les Argentins connaissons très bien : « Cambia todo cambia» (change tout change), on a le sentiment que le 6 mai dernier tout a changé.
On croyait qu’en venant ici on lassait loin certaines habitudes, mais malheureusement on constate qu’elles existent aussi ici.
Il était une fois, en 1989, un président argentin qui a fait de son pays un cirque, mais ce n’était pas « un cirque pour les Argentins», c’était « un cirque des Argentins» jusqu’à ce que finalement il ne restait plus rien , ni des Argentins, ni du cirque, ni des hommes…
Malheureusement, ce président argentin avait commencé de la même façon que le nouveau président des Français. Il promettait « tout » afin d’obtenir la présidence et après…. « le show a commencé » : des voyages, du luxe, des spectacles, des amis, des amis entrepreneurs. En même temps, un côté obscur et caché : la répression, la « vente-cadeau » des entreprises argentines, le délaissement de l’éducation et la seule envie de se remplir les poches avec le travail de tout un pays, faisant des plus pauvres encore plus pauvres et des riches encore plus riches. Ce président a démontré que rien ne l’intéressait à part lui, ni les gens, ni la société, ni son propre pays.
Nous avons déjà vécu un président comme celui-ci, et nous espérons que cette histoire ne se reproduira pas dans « notre nouveau pays ».
C’est notre meilleur veux pour ces nouvelles cinq années qui commencent !

Les médias: l’information et la réalité


C’est grâce aux médias étrangers que l’on a pu avoir connaissance de ce qui se passait dans l’ensemble du pays le soir même des résultats de la présidentielle. Pendant que la télévision et les journaux français montraient des images émotives d’une France très heureuse en train de fêter à la Place de la Concorde son nouveau chef d’état, il y avait une autre France en train de manifester contre ces résultats. Cette aut re France était dissimulée aux Français, ce n’est que le lendemain que la majorité de la société a pris connaissance de l’ensemble des événements à l’issue des élections.
Le lendemain de cette soirée de joie et de rejet, les journaux français n’accordaient pas l’importance due à ces fortes manifestations. Ils indiquaient dans la plupart qu’il s’agissait des manifestants d’extrême gauche, laissant comprendre qu’on avait affaire à un combat seulement politique dont le côté perdant ne se résignait pas à accepter la défaite.
En revanche, le soir même des résultats, plusieurs journaux argentins parlaient déjà de l’état de mécontentement régnant en France, de la peur que le nouvel élu génère chez une grande partie de la p opulation et qui n’a rien à voir avec l’identification à un parti politique.
Les médias français ne voulaient peut-être pas montrer l’image d’une France divisée- ce qui d’ailleurs va contre l’un des principaux propos du nouveau président- mais pendant que la Place de la Concorde regroupait une partie joyeuse et satisfaite de la société française, une autre partie de la société faisait face à la police qui commençait déjà avec « ses devoirs » le soir même où « le premier policier » a été élu comme « le président de tous les Français »