06 juillet 2007

"El camino de San Diego"



Un autre film surprenant, sorti ce mois-ci dans les salles parisiennes, est « El camino de San Diego » de Carlos Sorin, le réalisateur de « Historias Minimas » (2003) et « Bonbon el perro » (2005) . On retrouve encore une fois une histoire simple, jouée par des acteurs non-professionnels qui parviennent à ôter au film un peu de sa fiction pour coller d’avantage à une réalité plus brute et plus sincère, non répétitive. Le film se déroule une fois de plus dans l'Argentine profonde, mais cette fois-ci l’histoire se passe au Nord-Est argentin, au sein de la forêt de Misiones qui forme la limite avec le Brésil. C’est de nouveau le voyage qui s’impose au protagoniste pour accomplir son rêve.
Comme la plupart des Argentins, le personnage principal, Tati Benitez, voue un culte casi divin pour Maradona, véritable idole argentin qui a su montrer le chemin de la gloire et apporter joie et illusion à son pays. Après avoir appris l’hospitalisation de son idole, Tati décide de faire le voyage jusqu’à Buenos Aires pour lui apporter une offrande. Il entreprend cette démarche en forme de quête spirituelle, où la pensée magique se libère de toute rationalité : il fait ce pèlerinage afin d’offrir quelque chose à celui qu’il admire tant, tout en ayant le sentiment que quelque chose va changer dans sa vie une fois son but atteint.
Le chemin de Tati le long de la route 14 est semé de désespoir, mais aussi d’illusions.
Il y croise les situations sociales les plus décevantes telles que le chômage, les fermetures des entreprises et surtout le sentiment d’abandon des pouvoirs publics et politiques. Dans cette situation, « les saints » tout comme « les idoles » deviennent les seuls à pouvoir apporter espoir et réconfort à un peuple qui ne demande qu’à être écouté. Toutefois, ces difficultés ne sont pas des obstacles pour que Tati parvienne à accomplir son rêve et à poursuivre son chemin.
Avec ce film, Carlos Sorin prend, encore une fois, un soin tout particulier à montrer une Argentine de gens humbles mais dont leurs histoires, qui semblent très banals, les amènent à vivre des aventures qui dépassent la simplicité de leurs vies. Derrière la modestie de ces personnages, se cache leur intérieur plein des richesses ; ils sont pauvres, mais leur fortune réside dans leur ténacité, leur bonne humeur, leur optimisme, leur générosité, leur désintéressement, et tout simplement dans leur volonté d’accomplir quelque chose qui pourra changer leurs vies et d’y croire.
Même si ce film peut paraître pour certains un peu trop dégoulinant de gentillesse, il ne fait que refléter fidèlement le comportement habituel, normal, de beaucoup d’Argentins. Il démontre un pays qui possède le trésor d’avoir encore des gens qui ne sont pas corrompues par le système et qui sont capables d’un bonheur authentique que malheureusement le progrès et la modernité nous font souvent perdre.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Salut, je suis en train de me renseigner sur le cinéma argentin, en particulier celui qui traite de la dictature militaire.
Merci pour votre article!!
Et bravo pour le blog.

Une toute nouvelle lectrice.