21 mars 2007

Le bon côté: un pays pour s’exiler et pour s’exprimer. «Exilés pour écrire»


La conséquence de la nouvelle forme de vie instaurée en Argentine, après le coup d’état militaire et de la persistante persécution des gens, a été l’exil vers l’étranger. Il y avait beaucoup de destinations et la France a été l’un des pays les plus choisi. Pendant leurs exils parisiens, beaucoup d’Argentins ont créé des organisations avec différentes sociétés de publications. Leur principal objectif était de dénoncer les aberrations qui se passaient en Argentine par rapport aux droits de l’Homme et d’y sensibiliser tous ceux qui n’étaient pas involucrés, afin d’obtenir la solidarité avec le peuple argentin.
Parmi elles on trouve le CAIS, créé en octobre 1975 et composé par des membres de Montoneros, des ERP et des groupes de la gauche trotskiste et d’autres indépendants. Ses publications ont été, entre autres, le Bulletin d’information (en français, 1976-1977), ensuite El Canillita et Informaciones de la Argentina (en espagnol, 1978-1979).
On trouve aussi la CADHU, avec son Bulletin (en version française et espagnole, sortant tous les deux mois , 1977-1983); et le CO.SO.FAM dont son Bulletin était mensuel.
Il y a eu aussi des sollicitations payées, comme a été le cas de Le Monde, que l’on peut voir dans les dates suivantes: 24/10/76 ; 27/28/3/77 ; 11/79 ; 15/6/81 ; 1/6/81 ; 21/4/82 ; 16/5/82.
Un cas que l’on voudrait retenir est celui de l’écrivain Osvaldo Soriano, qui après avoir passé quelques jours à Bruxelles, arrive à Paris pour continuer son exil. Il est toujours en contact avec Osvaldo Bayer, exilé en Allemagne, et commence à fréquenter Julio Cortázar, qui habitait déjà à Paris. Les trois intellectuels vont publier «Sin Censura», la revue de l’exil argentin apparue à Paris. Carlos Gabetta et Jorge Lofredo vont collaborer eux aussi à cette revue.
«Je me rappelle toujours de cette publication comme un orgueil des exilés qui ne se sont pas rendus mais qui ont mis leur grain de sable pour l’éclaircissement des crimes de la brutale dictature militaire.» Raconte Soriano.
«N’arrêtes pas d’écrire pour rien au monde, rappelle-toi que c’est tout ce qu’on peut faire en ce moment, laisser des papiers encrés à propos de certaines choses que nous sentons ou voyons. Je ne crois pas qu’un écrivain soit très important dans ces temps-là, mais il ne faut pas non plus réduire la valeur qu’un témoignage peu avoir dans le futur.» Ecrivait Soriano à Bayer dans ses Lettres d’exil.
La plupart de ces intellectuels sont restés en vie grâce à l’exil, mais d’autres ont été enlevés et disparus en Argentine pendant ces années noires. Rodolfo Walsh par exemple éditait clandestinement en Argentine pour dénoncer les faits de la dictature: «La Carta abierta a la junta militar» et «La agencia clandestina de Noticias» sont quelques-uns de ses écrits à lui.
Mais il n’y avait pas que les Argentins qui s’occupaient de dénoncer, le rôle de certains intellectuels français a été présent aussi contre la dictature militaire, principalement par la tentative de boycott de la Coupe du Monde de 78. Ce mouvement s’organisa en France en 1977. Regroupés au sein d’un comité (COBA), les opposants avaient pour objectifs d’alerter l’opinion publique sur la situation argentine, de faire pression sur les instances politiques et le mouvement sportif, en particulier les fédérations nationales et internationales de football, pour qu’ils déplacent, voire annulent, la compétition. Il s’agissait, en dernière analyse, d’isoler et de renverser le régime argentin.
Les partisans du boycott venaient d’horizon divers : outre les intellectuels, de gauche comme de droite, tels Sartre, Aragon, Domenach ou encore J.-F. Revel, on comptait dans leurs rangs des artistes, des réfugiés politiques d’Amérique latine, des organisations humanitaires et surtout des militants issus de cette constellation de partis et de courants que constituait l’extrême gauche.
Cette tentative a échouée, à gauche comme à droite , on opta pour le maintien du déroulement de la Coupe du Monde en Argentine.

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