En décembre 2001, l’Argentine devenait célèbre dans le monde entier, alors qu’elle traversait la crise économique la plus dure de son histoire. En tant qu’Argentines à Paris, on nous a souvent posé des questions imprégnées de compassion du type : « ça va votre pays ? Ça va mieux maintenant ? », Ce sont ce genre de questions auxquelles il est difficile de répondre, presque 7 ans se sont passés depuis ce moment très dur pour tous ceux qui l’avons vécu.
En ce moment, une autre période liée à cette crise est en train de s’achever à travers la fin du mandat du premier président élu par les Argentins le lendemain de ce moment douloureux
Nous souhaitons donc dans ce numéro de La Pause parler de ce qui s’est passé après 2001, pour porter un regard sur ce que ce gouvernement a apporté au pays, alors en plein effondrement. Cette année, les urnes appellent encore une fois un peuple à choisir un nouveau président, mais cette fois-ci de l’autre côté de l’océan, et comme les élections présidentielles argentines auront lieu à la fin du mois, nous vous présentons aussi dans ce numéro les candidats les plus importants et la situation politique d’Argentine aujourd’hui.
17 octobre 2007
Argentine 2001 - Octobre 2007
Depuis l’année 2001, l’Argentine a connu de nombreuses transformations, tant au niveau social, politique que culturel. Ces transformations ont vu le jour grâce à l’incroyable mobilisation des Argentins dans les rues de tous le pays, poussant le gouvernement de l’époque à la démission. Le peuple avait gagné.
La crise a donc laissé les portes ouvertes à la naissance d’une nouvelle Argentine. Cependant, même si de nombreux changements se sont concrétisés, il reste encore beaucoup de choses à faire et à changer.
Lorsque le gouvernement, choisi par la grande majorité de la société, quitte sa place, le défilé d’hommes politiques à vouloir occuper le siège présidentiel commence.
Le premier à remplacer, Fernando de la Rua, a été Ramon Puerta, alors Président Provisionnel du Sénat. Le vice-président, Carlos Chacho Alvarez, avait déjà abandonné sa place pour cause de désaccord avec les décisions prises par son parti politique.
Le deuxième, Adolfo Rodriguez Saa, élu président par l’Assemblée Législative, n’est pas resté jusqu’en 2002, ce qui le pousse à présenter sa démission le 31 décembre de la même année.
Le troisième, Eduardo Camaño, Président de La Chambre de Députés, occupe provisoirement la place présidentielle, en attendant la désignation d’un nouveau chef d’Etat lors de prochaines élections.
Finalement Eduardo Duhalde, qui avait été battu par Fernando de la Rua lors des présidentielles précédentes, assume la présidence le 2 janvier 2002, élu par la majorité de l’Assemblé Constitutionnelle.
Parmi ses premières mesures, on trouve : la dévaluation de la monnaie qui a aidé à mettre fin à la Loi de la Convertibilité et l’application de nombreux plans sociaux destinés à atténuer les effets de la politique néolibérale des gouvernements précédents sur une grande partie de la population plongée alors dans une pauvreté et une indigence extrêmes.
Cependant, ce président poursuivait la politique menée jusqu’alors par ses prédécesseurs, ce qui créa les conditions d’un mécontentement grandissant de la part du peuple argentin, qui devait également subir le gèle de leur épargne détenue dans les banque, plus connu sous le terme de « corralito ». Les problèmes qui touchaient la population restaient sans solution.
Mais finalement, ce qui a achevé ce gouvernement a été une grève du Mouvement de Chômeurs à Buenos Aires, au cours de laquelle deux manifestants ont trouvé la mort lors des confrontations qui les opposèrent aux « forces de l’ordre ».
Cet événement conduisit Duhalde à présenter sa démission et à organiser des élections anticipées six mois avant la date prévue.
Son successeur fut Nestor Kirchner, que Duhalde a soutenu pendant les présidentielles. Il devint le premier président à être élu par voix électorale depuis Fernando de la Rua.
N’ayant pas obtenu la majorité des suffrages au premier tour de l’élection (22%) et se trouvant en possession de ballottage favorable face à l’ex-président Carlos Saul Menem (24%). Il parvint finalement à remporter les élections lorsque Carlos Menem décida de se retirer.
Comme il s’agissait d’un gouvernement qui n’avait pas été élu par la majorité des Argentins, il y avait de la méfiance envers lui.
Le pays était détruit au niveau économique, social et politique et la population croyait de moins en moins à la faculté des politiciens à redresser le pays.
Nestor Kirchner a pu compléter son mandat présidentiel, ce qui est déjà difficile dans un pays où les gens arrivent à renverser le gouvernement.
Il s’est occupé en premier lieu des problèmes sociaux. Ce qu’on lui reconnaît le plus a été l’abolition des Lois « Obediencia Debida y Punto Final » lesquelles avaient laissé les militaires responsables de la disparition de personnes, en liberté. Ensuite il a déclaré l’ESMA, (Ecole Supérieure de Mécanique de la Marine, le premier endroit de détention clandestine) comme Musée de la Mémoire et a décroché de ses murs les photos de principaux responsables du coup d’état de 1976, le militaire Jorge Rafael Videla et le général Roberto Bignone.
C’est le premier président à avoir eu la volonté de faire face à l’Armée et à la Justice, déplaçant la plupart des juges qui occupaient leur place depuis une quinzaine d’années.
Il a donné la parole aux Mères et Grand-Mères de la Place de Mai.
Ce qui s’entend en contre de sa politique, ce qu’il est trop autoritaire, et que l’économie n’est pas stable du tout.
Mais, ce n’était pas facile de relever un pays qui s’effondrait depuis 30 ans.
Lorsque le gouvernement, choisi par la grande majorité de la société, quitte sa place, le défilé d’hommes politiques à vouloir occuper le siège présidentiel commence.
Le premier à remplacer, Fernando de la Rua, a été Ramon Puerta, alors Président Provisionnel du Sénat. Le vice-président, Carlos Chacho Alvarez, avait déjà abandonné sa place pour cause de désaccord avec les décisions prises par son parti politique.
Le deuxième, Adolfo Rodriguez Saa, élu président par l’Assemblée Législative, n’est pas resté jusqu’en 2002, ce qui le pousse à présenter sa démission le 31 décembre de la même année.
Le troisième, Eduardo Camaño, Président de La Chambre de Députés, occupe provisoirement la place présidentielle, en attendant la désignation d’un nouveau chef d’Etat lors de prochaines élections.
Finalement Eduardo Duhalde, qui avait été battu par Fernando de la Rua lors des présidentielles précédentes, assume la présidence le 2 janvier 2002, élu par la majorité de l’Assemblé Constitutionnelle.
Parmi ses premières mesures, on trouve : la dévaluation de la monnaie qui a aidé à mettre fin à la Loi de la Convertibilité et l’application de nombreux plans sociaux destinés à atténuer les effets de la politique néolibérale des gouvernements précédents sur une grande partie de la population plongée alors dans une pauvreté et une indigence extrêmes.
Cependant, ce président poursuivait la politique menée jusqu’alors par ses prédécesseurs, ce qui créa les conditions d’un mécontentement grandissant de la part du peuple argentin, qui devait également subir le gèle de leur épargne détenue dans les banque, plus connu sous le terme de « corralito ». Les problèmes qui touchaient la population restaient sans solution.
Mais finalement, ce qui a achevé ce gouvernement a été une grève du Mouvement de Chômeurs à Buenos Aires, au cours de laquelle deux manifestants ont trouvé la mort lors des confrontations qui les opposèrent aux « forces de l’ordre ».
Cet événement conduisit Duhalde à présenter sa démission et à organiser des élections anticipées six mois avant la date prévue.
Son successeur fut Nestor Kirchner, que Duhalde a soutenu pendant les présidentielles. Il devint le premier président à être élu par voix électorale depuis Fernando de la Rua.
N’ayant pas obtenu la majorité des suffrages au premier tour de l’élection (22%) et se trouvant en possession de ballottage favorable face à l’ex-président Carlos Saul Menem (24%). Il parvint finalement à remporter les élections lorsque Carlos Menem décida de se retirer.
Comme il s’agissait d’un gouvernement qui n’avait pas été élu par la majorité des Argentins, il y avait de la méfiance envers lui.
Le pays était détruit au niveau économique, social et politique et la population croyait de moins en moins à la faculté des politiciens à redresser le pays.
Nestor Kirchner a pu compléter son mandat présidentiel, ce qui est déjà difficile dans un pays où les gens arrivent à renverser le gouvernement.
Il s’est occupé en premier lieu des problèmes sociaux. Ce qu’on lui reconnaît le plus a été l’abolition des Lois « Obediencia Debida y Punto Final » lesquelles avaient laissé les militaires responsables de la disparition de personnes, en liberté. Ensuite il a déclaré l’ESMA, (Ecole Supérieure de Mécanique de la Marine, le premier endroit de détention clandestine) comme Musée de la Mémoire et a décroché de ses murs les photos de principaux responsables du coup d’état de 1976, le militaire Jorge Rafael Videla et le général Roberto Bignone.
C’est le premier président à avoir eu la volonté de faire face à l’Armée et à la Justice, déplaçant la plupart des juges qui occupaient leur place depuis une quinzaine d’années.
Il a donné la parole aux Mères et Grand-Mères de la Place de Mai.
Ce qui s’entend en contre de sa politique, ce qu’il est trop autoritaire, et que l’économie n’est pas stable du tout.
Mais, ce n’était pas facile de relever un pays qui s’effondrait depuis 30 ans.
Les Candidats
Les élections présidentielles en Argentine auront lieu le 28 octobre prochain, nous vous proposons une liste des quatre candidats qui sont à la tête des sondages parmi les 14 qui se présentent aux élections. Pour mieux comprendre le climat politique argentin, il faut d’abord remarquer qu’aucun de ses candidats n’appartient à un parti politique traditionnel. A partir de la crise de 2001, la fragmentation des partis est très forte, ce qui a produit la combinaison des branches de ces partis soutenus par des personnalités charismatiques :
« La pingouine » ou « La rebelle »Cristina Fernández, femme de l’actuel président argentin Néstor Kirchner et actuellement sénateur de la nation, est pour le moment en tête des sondages. Elle se présente sous les couleurs du « Front pour la Victoire » (Frente para la Victoria, FPV), faction électorale de centre-gauche créée en 2003, à l'occasion de la précédente élection présidentielle, la formation se réclamant « officiellement » de l'héritage du Péronisme.
Une autre femme, chrétienne de centre gauche est dans la liste des candidats. Il s’agit d’Elisa Carrio qui, selon les sondages, arriverait en deuxième dans la course à la présidentielle. Fondatrice du parti « Affirmation pour une République Egalitaire » (Afirmación para una República Igualitaria), elle représente la « Coalicion Civica », un mouvement qui dépasse les barrières de la politique traditionnelle, où le comportement de ses membres est placé devant leur idéologie. Il s’agit d’un espace pluriel de participation et consensus constitué par des groupes et des citoyens qui dans une diversité d’idées coïncident dans les principes de : République, Etique, et Distribution des Revenus Elisa Carrio était déjà devenue populaire en Argentine en dénonçant la corruption des gouvernements précédents, appelant, dans le contexte de désespoir politique de 2002, à manifester sous le mot d’ordre « Que se vayan todos » (« Qu'ils s'en aillent tous »).
Elle promet, entre autres, d'en finir avec "la corruption qui se termine quand les présidents cessent de voler". Elle se définit comme "une représentante de la classe moyenne capable de rallier les secteurs les plus défavorisés".
En politique étrangère, elle admet des affinités avec les présidents du Chili et de l'Uruguay, Michelle Bachelet et Tabaré Vazquez, "même s'ils sont plus à gauche". Elle pourfend le "populisme" du président vénézuélien Hugo Chavez et présente "la complémentarité de l'Argentine et du Brésil comme une nécessité en Amérique latine".
Roberto Lavagna, ancien ministre de l'Économie, de 2002 à 2005, durant les mandats d'Eduardo Duhalde et de Néstor Kirchner, est le candidat à se disputer la deuxième place selon les sondages. Avec son slogan : « Pare l’inflacion » (« Arrêtez l’inflation ») il préside le parti Una Nación Avanzada (UNA). Dans son plan, une importance primordiale est donnée aux problèmes de l’inflation, de l’insécurité et de la crise énergétique, accusant le gouvernement actuel de pratiquer une politique de l’autruche visant à ignorer ces problèmes.
Ricardo López Murphy, ministre de l’économie en 2001, est le candidat représentant le parti PRO Recrear (Recréer pour la croissance) formé en 2002 par d'anciens membres de l'aile droite de l'Union Civica Radicale. Néolibéral pur et dur et ex fonctionnaire de la dernière dictature, il est soutenu par le FMI, les militaires et la droite argentine. Son plan politique est basé principalement sur une économie du marché et vise à assurer la sécurité et la lutte conte la violence.
En matière de politique internationale, il préconise pour l’Amérique Latine une voix opposée aux actuelles expériences populistes latino-américaines soutenues par le président vénézuélien Hugo Chavez.
« La pingouine » ou « La rebelle »Cristina Fernández, femme de l’actuel président argentin Néstor Kirchner et actuellement sénateur de la nation, est pour le moment en tête des sondages. Elle se présente sous les couleurs du « Front pour la Victoire » (Frente para la Victoria, FPV), faction électorale de centre-gauche créée en 2003, à l'occasion de la précédente élection présidentielle, la formation se réclamant « officiellement » de l'héritage du Péronisme.
Dans son programme, elle défend le bilan du gouvernement dirigé par son mari depuis 2003 tout en adoptant pour slogan : “Le changement commence à peine”.
Elle met l’accent sur l’importance du dialogue social entre les travailleurs et les patrons afin de renforcer le modèle mis en marche au cours des quatre dernières années et insiste sur le fait que "L'économie reste le thème principal".
En terme de politique internationale, Cristina semble s’éloigner de celle menée jusqu’alors par son mari ; particulièrement en matière d’alliance, remettant en cause le rapprochement de l’actuel président avec le président vénézuélien et anti-américain, Hugo Chavez.
Elle met l’accent sur l’importance du dialogue social entre les travailleurs et les patrons afin de renforcer le modèle mis en marche au cours des quatre dernières années et insiste sur le fait que "L'économie reste le thème principal".
En terme de politique internationale, Cristina semble s’éloigner de celle menée jusqu’alors par son mari ; particulièrement en matière d’alliance, remettant en cause le rapprochement de l’actuel président avec le président vénézuélien et anti-américain, Hugo Chavez.
« Lilita l´ouragan »
Une autre femme, chrétienne de centre gauche est dans la liste des candidats. Il s’agit d’Elisa Carrio qui, selon les sondages, arriverait en deuxième dans la course à la présidentielle. Fondatrice du parti « Affirmation pour une République Egalitaire » (Afirmación para una República Igualitaria), elle représente la « Coalicion Civica », un mouvement qui dépasse les barrières de la politique traditionnelle, où le comportement de ses membres est placé devant leur idéologie. Il s’agit d’un espace pluriel de participation et consensus constitué par des groupes et des citoyens qui dans une diversité d’idées coïncident dans les principes de : République, Etique, et Distribution des Revenus Elisa Carrio était déjà devenue populaire en Argentine en dénonçant la corruption des gouvernements précédents, appelant, dans le contexte de désespoir politique de 2002, à manifester sous le mot d’ordre « Que se vayan todos » (« Qu'ils s'en aillent tous »).
Elle promet, entre autres, d'en finir avec "la corruption qui se termine quand les présidents cessent de voler". Elle se définit comme "une représentante de la classe moyenne capable de rallier les secteurs les plus défavorisés".
En politique étrangère, elle admet des affinités avec les présidents du Chili et de l'Uruguay, Michelle Bachelet et Tabaré Vazquez, "même s'ils sont plus à gauche". Elle pourfend le "populisme" du président vénézuélien Hugo Chavez et présente "la complémentarité de l'Argentine et du Brésil comme une nécessité en Amérique latine".
Roberto Lavagna, ancien ministre de l'Économie, de 2002 à 2005, durant les mandats d'Eduardo Duhalde et de Néstor Kirchner, est le candidat à se disputer la deuxième place selon les sondages. Avec son slogan : « Pare l’inflacion » (« Arrêtez l’inflation ») il préside le parti Una Nación Avanzada (UNA). Dans son plan, une importance primordiale est donnée aux problèmes de l’inflation, de l’insécurité et de la crise énergétique, accusant le gouvernement actuel de pratiquer une politique de l’autruche visant à ignorer ces problèmes.
Ricardo López Murphy, ministre de l’économie en 2001, est le candidat représentant le parti PRO Recrear (Recréer pour la croissance) formé en 2002 par d'anciens membres de l'aile droite de l'Union Civica Radicale. Néolibéral pur et dur et ex fonctionnaire de la dernière dictature, il est soutenu par le FMI, les militaires et la droite argentine. Son plan politique est basé principalement sur une économie du marché et vise à assurer la sécurité et la lutte conte la violence.
En matière de politique internationale, il préconise pour l’Amérique Latine une voix opposée aux actuelles expériences populistes latino-américaines soutenues par le président vénézuélien Hugo Chavez.
Pour approfondir….
Si vous souhaitez vous informer un peu plus sur L’Argentine d’aujourd’hui, nous vous conseillons « L’Argentine après la débâcle », publié par Michel Houdiard Editeur, Paris, septembre 2007.
Écrit sous la direction de Diana Quattrocchi-Woisson, Présidente de L’Observatoire de l’Argentine Contemporaine, en collaboration avec de nombreux spécialistes d’économie, de sociologie, de politique, de science et de culture. Une grande équipe d’intellectuels qui se sont réunis pour débattre des différents aspects de l’Argentine après la crise du 2001.On trouve dans ce livre une diversité d’idées qui aident à comprendre la logique interne d’un pays qui veut grandir.
Inscription à :
Articles (Atom)