13 février 2007

Derrière la Coupe du Monde de 1978


Le football suscite des passions et de ce fait peut être un instrument de contrôle et de manipulation sociale. L’image que la Coupe du Monde de 78 montrait au reste du monde était celle d’une Argentine glorieuse et joyeuse. Le football cachait cette fois-ci la torture, des gens jetés dans l’eau par avion, pendant l’événement qui montrait « un pays en ordre » et qui avait reçu la bénédiction papale.
La fête et la tristesse ont d’avantage divisé le pays pendant ce mois du Mondial 78. D’un côté le gouvernement militaire, dans ses années les plus dures de répression et de disparitions collectives de personnes. De l'autre côté, le pays fête les buts avec une ferveur patriotique. Cette coupe du monde a été une sorte de combinaison de passion et de sang, de patriotisme et de douleur, de « goal » et de rage, de gloire et de terreur.
Cette manipulation aurait pu s’éviter. La Hollande et la France ont été à la tête d’une campagne, initiée par des organismes de droit de l’homme et des groupes de gauche, afin de boycotter cette Coupe du Monde ; créant ainsi le COBA (Comité d’Organisation de Boycott contre l’Argentine), dont le président était le journaliste français François Gèze. Mais à l’intérieur même de l’Argentine, les médias s’occupaient de montrer une image surréaliste d’un pays qui n’existait pas. Des cartes postales et des photos étaient envoyées à différents pays, avec la célèbre phrase militaire : « Les Argentins, nous sommes droits et humains ».
Le football produit cette passion bizarre, une capacité de nous distraire, de nous faire oublier les choses par le cri d’un but. Combien de familles argentines ressentaient-elles la douleur d’avoir un lit vide, pendant ce mois du Mondial 78, tout en voulant voir à tout prix les matchs ?
Estela de Carlotto (Présidente de l’Association "Grands-mères de la Place de Mai") nous raconte que pendant qu’elle pleurait avec son mari, dans la cuisine, la disparition de sa fille, dans le salon, ses beaux-frères et d’autres membres de la famille fêtaient les buts de Kempes et compagnie.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Félicitations! Vous avez fait une bonne synthèse. Emilia Roitman