Le 24 mars dernier, cela a fait 32 ans que l’Argentine a vécu le gouvernement militaire le plus sanglant et dur de son histoire .
Cela fait aussi 32 ans que l’Argentine demande justice, car les procès aux militaires responsables de la terreur n’ont pas encore été conclus. Il reste toujours des causes ouvertes, des personnages sinistres à emprisonner.
L’impunité continue, on est en 2008 et des gens sont toujours disparus sans que le peuple aie des réponses.
Avec ce numéro, La Pause, rejoint tous ceux qu' en Argentine demandent Justice, Vérité et Mémoire.
17 avril 2008
Une journée pour la Mémoire
Le 24 mars, anniversaire du coup d’Etat militaire en Argentine, est depuis 32 ans une journée de mobilisation très importante. Il rejette l’impunité face au terrorisme d’Etat et aux projets sociaux et économiques qui l’ont impulsé. Depuis trois ans cette date est un jour férié en Argentine, devenu Le jour de la Mémoire. Il est indéniable que ce jour fait partie de tout ce que les Argentins ne devons guère oublier, afin de mieux établir notre relation avec le futur, et face à une réparation impossible, la lutte contre l’oubli est celle qui demeure la plus concrète.
Il n’est pas évident de trouver la façon la plus pertinente pour que l’horreur de ces années-là ne soit pas oubliée. Garder le passé est une tâche bien difficile lorsque les signes qui restent de la terreur sont peu nombreux, les coupables s’étant méticuleusement appliqués à effacer toutes les traces et à occulter la vérité.
Or, depuis quelques années, des lieux de commémoration ont été établis en Argentine, comme l’ancienne Ecole Supérieure de la Marine, devenue aujourd’hui le Musée de la Mémoire ou encore un parc construit au bord du fleuve de La Plata en pleine capitale, qui est désormais Le Parc de la Mémoire.
Ces endroits inscrivent les habitants dans la volonté de ne jamais oublier. Ces lieux ont été des cruels témoins de l’horreur : c’est à l’Ecole de la Marine où plus de 5.000 personnes ont été torturées et amenées à la disparition, et c’est dans le fleuve que milles personnes ont été jetées à la mort. Pourtant, il a fallu 30 ans pour que l’Ecole arrête de fonctionner comme école et pour que le fleuve devienne pour les Argentins un lieu de recueil ; tous les deux des demeures à jamais de mémoire.
Au même temps que le pouvoir public a consacré ces sites de commémoration, la lutte pour préserver l es faits semble toutefois incomplète. En observant l’actuel panorama politique et social, nous sommes tentées de nous demander s’il existe vraiment une mémoire des faits qui se sont déclenchés il y a déjà plus de teinte ans.
Il reste toujours inacceptable qu’après tout ce temps, la société continue à réclamer la vérité sur la destinée finale des disparus et que la justice se montre incapable de punir les coupables.
Le Jour de la Mémoire montre une rupture entre le discours et la politique concrète du gouvernement.
Des faits de la dictature semblent se reproduire, comme la disparition depuis 18 mois de Julio Lopez, témoin clé du procès d’un des tortionnaires, Miguel Etchecolatz. Pendant tout ce temps l’Etat responsable des structures de renseignements et de la sécurité du pays n’a pas montré un intérêt particulier à dévoiler les causes de sa disparition et à le retrouver.
Un autre cas, la mort mystérieuse du préfet génocide Héctor Febre, la veille de sa condamnation. Personne ne connaît la cause. Le préfet, à part avoir participé à la Marine aux temps de la dictature, s’occupait depuis quelques années de réprimer, avec les forces de l’ordre, des mouvements sociaux protestataires .
Et que dire de plus du fait que plusieurs complices de la dictature continuent à participer au gouvernement de plusieurs provinces argentines, sans aucune réaction du gouvernement présidentiel face à diverses dénonciations ?
Mais la mémoire n’est pas limitée seulement du côté des Argentins… Un ex-répresseur fait partie du Conseil de Défense français. Il s’agit de Mario Sandoval, connu comme « churrasco » ; nommé récemment Directeur de l’Intelligence Economique, il conseille le président français sur la libération des otages des FARC. Cette « nouvelle perle » du président français, a exercé au sein de la Coordination Féderale pendant la dictature qui fonctionnait comme centre de rétention clandestin et il a également offert ses services à la Marine.
Il résulte qu’il est difficile de lutter pour préserver vif le passé. Combien d’années encore devrons nous attendre, les Argentins, pour que le cri Nunca Mas soit finalement entendu ?
Le jour où de nombreux Argentins se battent pour maintenir le flambeau de la mémoire, il reste des cas face auxquels nous semblons être impuissants, et s’enfoncent dans l’oubli.
Il n’est pas évident de trouver la façon la plus pertinente pour que l’horreur de ces années-là ne soit pas oubliée. Garder le passé est une tâche bien difficile lorsque les signes qui restent de la terreur sont peu nombreux, les coupables s’étant méticuleusement appliqués à effacer toutes les traces et à occulter la vérité.
Or, depuis quelques années, des lieux de commémoration ont été établis en Argentine, comme l’ancienne Ecole Supérieure de la Marine, devenue aujourd’hui le Musée de la Mémoire ou encore un parc construit au bord du fleuve de La Plata en pleine capitale, qui est désormais Le Parc de la Mémoire.
Ces endroits inscrivent les habitants dans la volonté de ne jamais oublier. Ces lieux ont été des cruels témoins de l’horreur : c’est à l’Ecole de la Marine où plus de 5.000 personnes ont été torturées et amenées à la disparition, et c’est dans le fleuve que milles personnes ont été jetées à la mort. Pourtant, il a fallu 30 ans pour que l’Ecole arrête de fonctionner comme école et pour que le fleuve devienne pour les Argentins un lieu de recueil ; tous les deux des demeures à jamais de mémoire.
Au même temps que le pouvoir public a consacré ces sites de commémoration, la lutte pour préserver l es faits semble toutefois incomplète. En observant l’actuel panorama politique et social, nous sommes tentées de nous demander s’il existe vraiment une mémoire des faits qui se sont déclenchés il y a déjà plus de teinte ans.
Il reste toujours inacceptable qu’après tout ce temps, la société continue à réclamer la vérité sur la destinée finale des disparus et que la justice se montre incapable de punir les coupables.
Le Jour de la Mémoire montre une rupture entre le discours et la politique concrète du gouvernement.
Des faits de la dictature semblent se reproduire, comme la disparition depuis 18 mois de Julio Lopez, témoin clé du procès d’un des tortionnaires, Miguel Etchecolatz. Pendant tout ce temps l’Etat responsable des structures de renseignements et de la sécurité du pays n’a pas montré un intérêt particulier à dévoiler les causes de sa disparition et à le retrouver.
Un autre cas, la mort mystérieuse du préfet génocide Héctor Febre, la veille de sa condamnation. Personne ne connaît la cause. Le préfet, à part avoir participé à la Marine aux temps de la dictature, s’occupait depuis quelques années de réprimer, avec les forces de l’ordre, des mouvements sociaux protestataires .
Et que dire de plus du fait que plusieurs complices de la dictature continuent à participer au gouvernement de plusieurs provinces argentines, sans aucune réaction du gouvernement présidentiel face à diverses dénonciations ?
Mais la mémoire n’est pas limitée seulement du côté des Argentins… Un ex-répresseur fait partie du Conseil de Défense français. Il s’agit de Mario Sandoval, connu comme « churrasco » ; nommé récemment Directeur de l’Intelligence Economique, il conseille le président français sur la libération des otages des FARC. Cette « nouvelle perle » du président français, a exercé au sein de la Coordination Féderale pendant la dictature qui fonctionnait comme centre de rétention clandestin et il a également offert ses services à la Marine.
Il résulte qu’il est difficile de lutter pour préserver vif le passé. Combien d’années encore devrons nous attendre, les Argentins, pour que le cri Nunca Mas soit finalement entendu ?
Le jour où de nombreux Argentins se battent pour maintenir le flambeau de la mémoire, il reste des cas face auxquels nous semblons être impuissants, et s’enfoncent dans l’oubli.
Un jardin à Paris pour les Mères et Grands-Mères de la Place de Mai
On se souviendra du 7 avril 2008 comme le jour où un Comité Argentin, présidente inclue, se baladait dans les jardins de la ville de Paris.
Pour ceux qui ne le savaient pas, cette promenade avait un but.
Paris à offert un espace vert pour commémorer les femmes argentines qui ont lutté dans leur pays pendant les années les plus dures, les plus sanglantes, les années de plombs de la dictature Argentine, de la dictature de Videla.
Après 32 ans de lutte pour la vérité, la mémoire et la justice, ces femmes continuent encore à chercher de réponses concernant le sort des victimes ; vivantes ou mortes, mais des réponses toujours...
La France aujourd’hui, fait un geste de solidarité avec les Mères et Grands-Mères de la Place de Mai et soutient cette lutte, au nom des Droits de l’Homme et de la Condition Humaine.
L’inauguration, qui a été accompagnée de représentants de chaque pays ; dont la participation de la présidente de l’Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, Estela de Carlotto, de l’Association de Grands-Mères de La Place de Mai, Marta Ocampo de Vázquez, de Mères de Place de Mai Lígne Fondatrice, le Maire de Paris, Bertrand Delanoë et Philippe Goujon maire du 15°arrondissement. Les deux premiers ont fait un discours dont l’objectif était de rendre hommage au dur labeur et à l’exploit de leur cause.
Finalement et pour émouvoir les 500 personnes qui écoutaient en silence les paroles de la présidente, Cristina de Kircher a fermé son discours avec une phrase célèbre, « nous sommes tous des fils et des petit-fils des Mères et des Grands-Mères de Place de Mai » et voilà les applaudissements…
Pour ceux qui ne le savaient pas, cette promenade avait un but.
Paris à offert un espace vert pour commémorer les femmes argentines qui ont lutté dans leur pays pendant les années les plus dures, les plus sanglantes, les années de plombs de la dictature Argentine, de la dictature de Videla.
Après 32 ans de lutte pour la vérité, la mémoire et la justice, ces femmes continuent encore à chercher de réponses concernant le sort des victimes ; vivantes ou mortes, mais des réponses toujours...
La France aujourd’hui, fait un geste de solidarité avec les Mères et Grands-Mères de la Place de Mai et soutient cette lutte, au nom des Droits de l’Homme et de la Condition Humaine.
L’inauguration, qui a été accompagnée de représentants de chaque pays ; dont la participation de la présidente de l’Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, Estela de Carlotto, de l’Association de Grands-Mères de La Place de Mai, Marta Ocampo de Vázquez, de Mères de Place de Mai Lígne Fondatrice, le Maire de Paris, Bertrand Delanoë et Philippe Goujon maire du 15°arrondissement. Les deux premiers ont fait un discours dont l’objectif était de rendre hommage au dur labeur et à l’exploit de leur cause.
Finalement et pour émouvoir les 500 personnes qui écoutaient en silence les paroles de la présidente, Cristina de Kircher a fermé son discours avec une phrase célèbre, « nous sommes tous des fils et des petit-fils des Mères et des Grands-Mères de Place de Mai » et voilà les applaudissements…
Un parc pour la Mémoire
Rarement on se rend dans un parc avec un esprit de recueil et dont la promenade laisse un nœud dans la gorge, taisant tous les mots, étant le silence l’accompagnateur idéal le long du parcours. C’est la sensation que produit la visite du Parc de la Mémoire à Buenos Aires. Il s’agit d’un espace publique crée avec l’objectif de construire, récupérer et préserver la mémoire collective afin de participer à ce que les violations des Droits de l’Homme ne se reproduisent plus jamais.
Ce parc, qui englobe 14 hectares d’espace vert au bord du fleuve de La Plata, à été mis en œuvre en 2001 à la demande d’une commission composée d’organisations de Droit de l’Homme, les Mères et Grands-Mères de la Place de Mai, des familiers des disparus et des membres du gouvernement de la ville de Buenos Aires. L’objectif étant d’obtenir un monument pour rendre hommage aux victimes du terrorisme d’état.
Ce parc a de cette manière une valeur testimoniale unique en Argentine. Il héberge le Monument aux Victimes de la Terreur de l’Etat, formée par quatre stèles donnant la forme d’une coupure, d’une blessure ouverte sur une pelouse qui finit dans le fleuve. Des plaques sur les stèles contiennent les noms des détenus-disparus et assassinés pendant les années qui débutent depuis « le Cordobazo » (1969) jusqu’à la fin de la dictature militaire (1983).
Ce monument est le premier mémorial consacré en Argentine pour rendre hommage aux victimes des années les plus noires du pays. La plaie qu’elle représente marque sur le territoire argentin une douleur qui sera toujours présente. L’idée est de la parcourir et d’arriver jusqu’au fleuve qui a toute la valeur du symbole, car c’est dans ces eaux que les victimes ont été jetées par les « vols de la mort » .
Les corps absents, ce parc rend hommage aux noms de ceux qui se sont battus pour un pays meilleur. De même, des sculptures d’artistes argentins et internationaux sont érigées dans une partie du parc pour que l'art participe également au témoignage.
Il y avait peu d’endroits dans la capitale argentine pour réaliser ce projet, car, comme on entend habituellement, la ville a été bâtie avec la particularité assez troublante de tourner le dos au grand fleuve. Les faits sont là, il faut désormais les regarder en face ; la construction de ce parc fait que pour la première fois la ville de Buenos Aires se retourne face à son fleuve.
Ce parc, qui englobe 14 hectares d’espace vert au bord du fleuve de La Plata, à été mis en œuvre en 2001 à la demande d’une commission composée d’organisations de Droit de l’Homme, les Mères et Grands-Mères de la Place de Mai, des familiers des disparus et des membres du gouvernement de la ville de Buenos Aires. L’objectif étant d’obtenir un monument pour rendre hommage aux victimes du terrorisme d’état.
Ce parc a de cette manière une valeur testimoniale unique en Argentine. Il héberge le Monument aux Victimes de la Terreur de l’Etat, formée par quatre stèles donnant la forme d’une coupure, d’une blessure ouverte sur une pelouse qui finit dans le fleuve. Des plaques sur les stèles contiennent les noms des détenus-disparus et assassinés pendant les années qui débutent depuis « le Cordobazo » (1969) jusqu’à la fin de la dictature militaire (1983).
Ce monument est le premier mémorial consacré en Argentine pour rendre hommage aux victimes des années les plus noires du pays. La plaie qu’elle représente marque sur le territoire argentin une douleur qui sera toujours présente. L’idée est de la parcourir et d’arriver jusqu’au fleuve qui a toute la valeur du symbole, car c’est dans ces eaux que les victimes ont été jetées par les « vols de la mort » .
Les corps absents, ce parc rend hommage aux noms de ceux qui se sont battus pour un pays meilleur. De même, des sculptures d’artistes argentins et internationaux sont érigées dans une partie du parc pour que l'art participe également au témoignage.
Il y avait peu d’endroits dans la capitale argentine pour réaliser ce projet, car, comme on entend habituellement, la ville a été bâtie avec la particularité assez troublante de tourner le dos au grand fleuve. Les faits sont là, il faut désormais les regarder en face ; la construction de ce parc fait que pour la première fois la ville de Buenos Aires se retourne face à son fleuve.
Pourquoi le boycott des Jeux Olympiques?
Avant de fermer ce numéro, on ne voulait pas laisser passer l’occasion d’exprimer notre avis sur la polémique qui circule de nos jours sur l’organisation des JO en Chine.
On ne partage pas la volonté qu’ils se fassent en Chine, mais pourquoi ?
Parce que c’est la façon la plus ignoble de montrer comment la vie continue au dos de la répression et des meurtres.
Est-il humain que dans un même pays, cohabitent le spectacle, la joie des quelques-uns avec le désespoir face au silence et à la surdité des autres ?
L’idée qu’ont avancée les organisateurs en disant que les JO viendraient aider à solutionner les problèmes entre Chinois et Tibétains n’est pas logique, pas humaine et encore moins vraie .
On connaît déjà une histoire pareille qui a eu lieu en Argentine dans les années 78 avec une Coupe du Monde sanglante, et malgré quelques efforts de boycott, dans ce cas il s’agissait aussi de certaines organisations françaises qui voulaient arrêter les jeux, l’événement a finalement eu lieu.
Tout était un mensonge, pendant que les pays participants criaient au but, il y avait des centres clandestins de détention qui criaient aussi…mais non pas pour un but.
N’apprend-on pas quelque chose de l’histoire ? Peut-être il y en a certains qui ne veulent pas apprendre parce cela va à l’encontre de leurs intérêts ?
Mais La Pause, ne veut pas que cette histoire sinistre se répète. On appelle à la mémoire, à la vérité, et à la justice. On est pour la vie.
On ne partage pas la volonté qu’ils se fassent en Chine, mais pourquoi ?
Parce que c’est la façon la plus ignoble de montrer comment la vie continue au dos de la répression et des meurtres.
Est-il humain que dans un même pays, cohabitent le spectacle, la joie des quelques-uns avec le désespoir face au silence et à la surdité des autres ?
L’idée qu’ont avancée les organisateurs en disant que les JO viendraient aider à solutionner les problèmes entre Chinois et Tibétains n’est pas logique, pas humaine et encore moins vraie .
On connaît déjà une histoire pareille qui a eu lieu en Argentine dans les années 78 avec une Coupe du Monde sanglante, et malgré quelques efforts de boycott, dans ce cas il s’agissait aussi de certaines organisations françaises qui voulaient arrêter les jeux, l’événement a finalement eu lieu.
Tout était un mensonge, pendant que les pays participants criaient au but, il y avait des centres clandestins de détention qui criaient aussi…mais non pas pour un but.
N’apprend-on pas quelque chose de l’histoire ? Peut-être il y en a certains qui ne veulent pas apprendre parce cela va à l’encontre de leurs intérêts ?
Mais La Pause, ne veut pas que cette histoire sinistre se répète. On appelle à la mémoire, à la vérité, et à la justice. On est pour la vie.
Remerciements:
Nous voulons remercier tout particulièrement les guides du Parc de la Mémoire, pour le temps et les informations qui nous ont accordés. Un grand merci également à Lucia Bley et à Manu qui nous ont aidée dans la réalisation de ce numéro!
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